SANCTIONS! de Talion (collection KarnaGe) SOLD OUT

J'ai une admiration sans bornes pour les activistes qui, dans leur coin, contre vents contraires et marées montantes, font tout pour créer, divertir, informer, passionner, j'en passe et des meilleurs. C'est le cas de Jérémie GRIMA qui, via les éditions Zone 52, se lance dans une collection littéraire, joliment intitulée Karnage, qui suit le sillon tracé par feu les collections Gore ou Trash, plus proche de nous. Cette initiative, aussi courageuse que prestigieuse, débute avec un premier volume baptisé Sanctions signé d'un égingmatique auteur nommé Talion que les plus affranchis d'entre nous auront tôt fait de démasquer. Le pseudonyme Talion aiguille notre curiosité, sa dureté augure l’horreur absolue, celle qui émanait de feu la collection Gore. Et nous ne sommes pas déçus ! La densité crue de l’ouvrage dépassant nos espérances les plus folles. Brisant tous les tabous ou presque, nageant à contre-courant dans la fosse septique des bassesses humaines, se torchant le fion avec les bonnes manières et le politiquement-correct, l’auteur nous livre un récit glaçant, d’une intensité que j’ai rarement trouvée ailleurs si ce n’est dans ce modèle d’angoisse ultime que fut pour moi Megan is Missing. Il y a bien-sûr des références au cinéma Bis que nous chérissons tant et à certains de ses rejetons les plus extrêmes (Cannibal Holocaust en tête) mais Sanctions s’inscrit pour moi davantage dans cette école récente du found-footage férocement réaliste, conjuguant épouvante et détresse humaine, misérabilisme sociétale et perversions débridées et libérées par l’espace de liberté et d’irresponsabilité que peut constituer internet. Le malaise à la lecture nait dans cet espace béant, trou noir de nos sociétés où tout est possible, surtout le pire et l’innommable. L’action se tient en province dans cette France périphérique décrite par Guilluy et que l’auteur dépeint à merveille : les lotissements anonymes, les collèges plongeant en pleine idiocratie, les zones où glandent des parasites exclus du monde… Nous suivons un couple de professeurs de français, désespérés par l’absence de discipline, le nivellement par le bas et la bêtise des ados auxquels ils doivent enseigner la grammaire et la conjugaison. Ils vont remettre au dégoût du jour les sanctions ! Et ça va chier dans le ventilo car tout le monde sera éclaboussé ! Attention, Talion ne profite pas du milieu scolaire pour sombrer dans les 50 nuances de craie mais déchaine des passions indésirables, des vices inimaginables et une sexualité où se mêlent le sperme et le sang, la merde et la pisse, les viscères et les orifices…. De quoi engendrer des haut-de-cœur chez les plus sensibles des lecteurs qui se seraient un peu par hasard perdus en ces pages… I faut avoir le cœur bien accroché et l’estomac loin des « Talion » lors de certains passages où la folie homicide du couple n’a d’égale que son goût pour le stupre le plus ignoble ! Talion contrebalance légèrement ces passages sordides, sanguinolents et répugnants avec un humour savoureux, glissé entre deux uppercuts et un direct au foie du lecteur, notamment dans les dialogues du couple s’affublant de petits noms ridicules en plein charnier, mais surtout dans une aisance fascinante pour dresser des portraits de personnages en quelques lignes : du petit dealer branleur dans tous les sens du terme au flic désabusé en passant par l’épouse à jamais endeuillée. Il y a dans ces moments du Jouhandeau chez Talion et un réel talent littéraire. La plume est alerte, ciselée, aussi perçante que les yeux d’un rapace. Elle nous embarque pour ne plus nous lâcher. Il faut du talent pour décrire les pires saloperies avec élégance, il en faut aussi pour tenir le lecteur en haleine jusqu’aux dernières lignes où se consument nos derniers espoirs en l’humanité… Je conclurai en indiquant que je me suis senti familier de ce couple d’enseignants (en saignant ?), de leur chat Pompon et du 9 rue M.B… et que j’ai hâte que Talion remette le couvert d’une manière ou d’une autre. Dernier mot pour souligner toute mon admiration envers l'activiste Jérémie Grima qui a les cojones de lancer cette nouvelle collection qui je l'espère aura tout le succès qu'elle mérite. (D.L)
La couverture est magnifique, le design ad hoc et le récit aussi croustillant qu'espiègle (mais un peu plus que Candy fort heureusement), nous nageons dans les eaux troubles du hardgore réservé à un public encore plus averti que Jean-Christophe ! La petite boutique de Médusa se devait de soutenir cette heureuse initiative bienvenue. Il est donc disponible dans nos bacs ! 9 euros + 4 de port

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